1. |
L'heure verte
04:59
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L'heure verte résonne d'un écho sinistre
Mystéreux venin aux effluves tristes
Phosphorescente muse d'une douceur perfide
Qui de nous deux sera mon homicide?
Verre plein, je te vide!
Pour noyer, en mon âme, ces démons sordides
Verre vide, je te plains!
Aurais-tu, finalement, empli mon cœur vain?
Et je pleure ton trépas devant ta dépouille
D'où les flamboyant éclats se sont envolés
Vers mes contrées hantées
Et je sens les vers, en mon cœur, qui grouillent
Puisque mes verres sont dépourvus de ton vert troublé
Par mes fantaisies hantées
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2. |
Ode à l'absinthe
06:39
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Salut, verte liqueur, Némésis de l’orgie !
Bien souvent, en passant sur ma lèvre rougie,
Tu m’as donné l’ivresse et l’oubli de mes maux ;
J’ai vu plus d’un géant pâlir sous ton étreinte !
Salut, sœur de la Mort ! Apportez de l’absinthe ;
Qu’on la verse à grands flots !
Il est temps à la fin que je te remercie :
Celui qui ne sait pas toute la poésie
Qu’un flacon de cristal peut porter en son flanc,
Celui-là n’a jamais près d’une table ronde,
Vu d’un œil égaré les globes et le monde
Valser en grimaçant.
Il ne soutiendra pas sans que son cœur défaille
Qu’il n’est pas sur la terre une chose qui vaille
De l’ivrogne absinthé le sommeil radieux,
Qui peut, quand il lui plaît, durant son rêve étrange,
Quittant le corps humain, sentir des ailes d’ange
L’emporter dans les cieux.
Moi, je t’aime ! Aux mortels ta force est plus funeste
Que la foudre, le feu, la mitraille, la peste,
Et je te vis souvent terrasser le soldat,
Insoucieux de tout, contentant son envie,
Quoique sachant trop bien qu’il te donne sa vie
Qu’épargna le combat.
J’aime ta forte odeur et ton flot d’un vert sombre
Qui laisse s’élancer, au milieu de son ombre
Des feux couleur de sang tout le long du cristal,
Comme si le Seigneur, en signe de prudence,
Avait voulu mêler à ton vert d’espérance
Quelque signe fatal.
Belle comme la mer, comme ses flots cruelle,
Tu peux quand tu le veux aussi, cacher comme elle,
Sous un calme apparent tes instincts irrités,
Et ton flux fait tourner un océan de têtes,
Qui battent en riant, les soirs des jours de fêtes,
Les portes des cités.
Pour moi, qui ne veux pas atteindre la vieillesse,
Je veux contre ta force essayer ma faiblesse,
Combattre contre toi, t’étreindre corps à corps.
Je veux voir, aujourd’hui, dans un duel terrible,
Si tu peux soutenir ton titre d’invincible :
Notre témoin sera la mort !
-Alfred de Musset
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3. |
Lora
04:43
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Nous irons pour nous perdre sur l'orée de la mort
Effleurant de nos lèvres mon flacon infesté de corbeaux
Qui guettent nos cœurs de leurs avares yeux noirs
Et pilleront dans notre sommeil leurs maigres joyaux
Égarés ensemble en ces chemins familiers
Nous laisserons germer la folie édifiante
Et lierons aisément nos doigts raides et gelés
Sous un ciel automnal de tempête imminente
Et si ces cieux lourds s'écroulent sur nos âmes égarées
Les rayons de ta flamme étincellera notre chute
En dissolvant nos vertiges anesthésié
Les derniers souffles ralentis de nos dernières minutes
Porteraient habilement les effluves de ton nom
Aidant une douce mort à récolter sa moisson !
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4. |
Infectes cieux
05:14
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Dans la nuit froide d'un automne décrepit
Imbibée de langueur et d'ennui
Le vent souffle sa détresse
Implorant les salvatrices ivresses
Et l'illusion me mène à toi
Idéal des mourants, enfer des vivants
Dès lors ton poignard froid
Me lacère de lourds tourments
Et tombe l'ondée amère
D'une violence sereine
Déroute les âmes en peine
Vers une accalmie éphèmère
Et tombe l'ondée amère...
Innondant de son fiel
Purulent d'irréel
Je vénère cette foi
En dépit de mon foie
L'averse de spiritueux
Coulant des infectes cieux
Aura bien infecté
Ma souveraine insanité
Mais, trop brève, cette ondée sainte
Aux douces nuances d'absinthe
A laissé un silence d'agonies
Et le relent d'un coeur pourri
Pétrichor fétide
Gueule de bois, coeur de fer
Rouillé, rongé par l'acide
Des vives ondées amères
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5. |
Le poison
06:18
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Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D'un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d'un portique fabuleux
Dans l'or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.
L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
Allonge l'illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l'âme au delà de sa capacité.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers...
Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remords,
Et charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort!
-Charles Baudelaire
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6. |
Ombres
05:25
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J'ai cru ressentir
Ton voile et sa lame
Aux battements de ma flamme
J'ai laissé la lumière périr
Les ombres s'étirent
Comme des cloisons infâmes
Emmuré dans une peine du dam
Le lourd silence se déchire
Aucun siècle n'a abrité une telle profondeur
Qu'en ce verre affligé d'immuables noirceurs
Évadé au fond de ma geôle
J'écrivaille des pages vagabondes
De la lourdeur de ma plume moribonde
Éclairée par la gnôle
Dans mes ténèbres,
Résonne d'un sourd écho
Les plaintes acerbes
Émanant des caveaux
Sans air, sans lumière
J'inspire l'âcre éther
Opium imprégné
De ma mortalité
Que mes plaies coulent du rouge
D'un vin mauvais
Taillées par l’impardonnable vouge
D'un assassin muet
Humecte ma lèvre
De ta sécheresse
Ensanglante les grèves
De mes ivresses
J'ai cru ressentir
Ton voile m'engouffrer
M'engouffrant en ces sombres sentiers
J'ai laissé la lumière périr
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7. |
Sans maux
04:53
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